Bertrand-Quinquet 

 

Louis Jacques François de Paule Bertrand est né à Compiègne le 5 novembre 1755, fils de Louis Bertrand, libraire-imprimeur du Roi en cette ville, depuis 1751, et de Jeanne Marguerite Meunier. Il est décédé à Paris le 12 juin 1808.

Il épouse à Soissons, en octobre 1778, Marie Victoire Quinquet, dont il adopte le nom, pour s'appeler désormais «Bertrand-Quinquet», selon une pratique courante dans son milieu, peut-être aussi en raison de la notoriété de sa belle-famille : l'un de ses beaux-frères, Antoine Arnoulphe, apothicaire parisien, «professeur agrégé du collège royal de pharmacie, chimie et physique», avait popularisé en France la lampe à courant d'air portant son nom.

Bertrand est resté très lié à sa belle-famille, constituant un véritable «clan» à Compiègne après 1789 : ainsi deux frères Quinquet, anciens religieux, jouèrent un rôle appréciable dans les administrations révolutionnaires locales, entre 1791 et 1795. Il fut surnommé « le Mirabeau compiégnois ».

L'illustration est extraite du Bulletin de la SHC, volume 9.

On ne connaît pas les études de Bertrand mais il ne semble pas avoir suivi un cursus secondaire au collège de la ville : vraisemblablement autodidacte, il dut apprendre sur le tas son métier d'imprimeur, comme apprenti puis compagnon de son père, dont il reprit la succession, à vingt-trois ans, en 1777.

Au XVIIIe siècle, le règlement de l'imprimerie imposait aux apprentis une «connaissance congrue de la langue latine» et même la lecture du grec. Bertrand a d'ailleurs mis à jour et publié une grammaire latine en 1783. Cependant par son activité et par goût, il avait acquis une incontestable culture littéraire et philosophique de son temps : en témoignent les nombreux ouvrages dont il a rendu compte dans ses Affiches à la fin de l'Ancien Régime, puis ses interventions dans les administrations et le club de Jacobins de Compiègne.

Mais avant 1789, visiblement tenu à l'écart de la «bonne société» compiégnoise (son nom n'est jamais mentionné dans la loge maçonnique locale), il souffrit certainement d'un sentiment d'ostracisme, qui fut peut-être le moteur d'une volonté de revanche sociale, expliquant à la fois ses initiatives éditoriales de la période pré-révolutionnaire et plus encore son engagement politique révolutionnaire.